Installation Paysagiste scénographe, elle prône le paysage sensible

Comme pour nombre des témoins illustrant les métiers des secteurs de l’horticulture et du paysage, les grands-parents de Philippine Bray-Biedermann ont joué une part importante dans son initiation au jardinage. Sans oublier sa mère. « J’ai toujours voulu travailler avec le végétal, mais j’aime beaucoup le dessin et je voulais également être illustratrice. Dès la quatrième, j’ai eu envie de devenir conceptrice en paysage. Ma vocation s’est confirmée à la fois en visitant le Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire et en voyant les scénographies lors des Floralies de Nantes en 2019. Même si le stage de BTS était dur, mon envie ne s’est pas émoussée, il a confirmé que cet environnement me correspondait. »

Deux stages à la direction Nature & Jardins de la Ville de Nantes (44) ont été incontournables dans son parcours. Le premier en 2019, en licence 3 en quatre mois autour d’une scénographie paysagère, « Folie douce », avec Franck Coutant pour la fête Folie des plantes. Puis le second en master 2, six mois en 2021 sur l’intérêt de l’implantation de plantes grimpantes dans les espaces résiduels en ville dense. Ce stage aux pôles Événementiel & Biodiversité, avec le directeur Jacques Soignon, vrai maître passeur de passion, a été l’occasion « de beaucoup se concentrer sur la conception, la réflexion et la créativité, l’intérêt de végétaliser à la verticale, le travail en équipe… »

« Je n’aime pas le copié-collé »

« Mon master 1 en “approche artistique, sensible et culturelle du paysage” en Belgique m’a permis de comprendre les interactions entre les milieux physique, biologique et anthropique. Cette année a sensiblement modifié mon approche de la scénographie paysagère. Le passage par les Beaux-Arts a été intéressant pour décloisonner mes visions. Mais il me manquait quand même une vraie connaissance des végétaux. D’où une période de deux ans, salariée en conception paysagère dans une pépinière, avec une part importante de gestion de clientèle de particuliers et l’intégration des grimpantes. »

« Je redessine votre jardin, votre balcon, cour intérieure, terrasse ou toit-terrasse… sur mesure » : tel est son message, notamment vers les particuliers, privilégiant toujours les échanges et la relation de conseil, même bien après le chantier. « Je suis motivée par le “paysage sensible”, j’aime tenir compte de l’histoire et de l’identité de mes clients. J’ai le souci du détail, j’aime inventer et n’aime pas le copié-collé. Je pratique le réemploi des matériaux, intègre la biodiversité. Avec ma sensibilité artistique, je préfère réaliser tous mes dossiers et plans à l’aquarelle. »

La jeune paysagiste a installé son bureau dans un espace de coworking au sein du tiers-lieu Solilab, à Nantes, géré par la coopérative d’intérêt collectif Lieux communs (SCIC), sorte de site d’expérimentations sociales et solidaires. Philippine en est tout récemment devenue sociétaire. Pour la partie administrative de son entreprise, elle a rejoint Ameizing, à Saint-Brieuc (22). Cette « CAE » (coopérative d’activités et d’emploi) de concepteurs est spécialisée dans l’ingénierie du bâtiment et du paysage.

Parmi ses réalisations très personnelles : la con­ception paysagère de Glycine-Cocon, un jardin de particulier ; une valorisation des milieux na­turels d’un parc naturel dans le Perche ; un balcon habillé d’une flore spontanée issue de graines de plantes de jachère, au centre-ville de Nantes, conseillée par Philippe Férard, botaniste du jardin des plantes à la retraite.

À son arc également : Lagon citron, un premier livre jeunesse illustré à l’aquarelle (en attente d’une maison d’édition), mais aussi des activités avec le Conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS)…
Philippine est aussi active sur Instagram (@philippinebraybiedermann), Facebook et LinkedIn.